Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/199

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des armes, et j’entrai dans la vie avec un cœur qui, malgré sa rude éducation, était capable de prodiguer un ardent retour à celle qui aurait gagné son affection.

L’occasion s’en présenta bientôt. Je fis la connaissance d’une jeune demoiselle aimable et de bonne famille. Je ne vous vanterai pas sa beauté ; je me contenterai de vous dire que, belle comme vous êtes, mademoiselle de Mirecourt, elle l’était davantage. Je la demandai en mariage et fus accepté par elle et par sa famille ; quoique sans fortune, j’avais des influences de famille assez puissantes pour assurer mon avancement dans la carrière que j’avais embrassée. Le jour était fixé, le trousseau de ma fiancée tout prêt. Ayant quelques jours de loisir, je résolus d’aller faire une visite au toit paternel pour faire mes adieux à mon frère. Il me reçut avec assez de bienveillance, mais, il me railla parce que je me mariais aussi jeune. Quelque peu froissé par ses sarcasmes, je saisis, dans ma vanité de jeune homme, le portrait de ma fiancée que, comme tous les amoureux, je portais sur moi ; je le présentai triomphalement à mon frère et je lui demandai si cette charmante figure n’était pas une raison puissante pour me décider à briser avec la vie de garçon ? Il regarda longtemps et avec attention la miniature qu’il me remit enfin, en remarquant brièvement qu’en effet c’était « une belle personne. »

Lorsque, le lendemain matin, prêt à partir, j’allai lui faire mes adieux, il était dans la salle et en habit