Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/250

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le visage de la jeune femme, et quel air embarrassé et inquiet elle avait lorsqu’elle répondit craintivement qu’elle était engagée. Dans le trouble du moment, elle oublia de dire le nom de celui auquel elle avait promis sa main, — personnage, du reste, fort inoffensif, — et Sternfield, concluant que c’était le colonel Evelyn, quoique celui-ci ne se livrât que rarement, jamais peut-être, aux plaisirs de la danse, lança à sa femme un regard plein de colère, et s’éloigna.

Evelyn ne tarda pas à s’apercevoir que l’esprit d’Antoinette était occupé par des pensées entièrement étrangères au sujet de leur conversation, à la narration pourtant si pleine d’intérêt de son dernier voyage à Québec avec M. de Mirecourt Ce fut donc presqu’un bonheur pour elle lorsque madame d’Aulnay s’approcha, et, après avoir dit quelques mots insignifiants au colonel Evelyn, passa à sa cousine une petite feuille de papier plié sur laquelle étaient écrits quelques mots au crayon, et lui dit :

— Voici un mémoire qui t’appartient, Antoinette. Celle-ci s’empara vivement du papier et le lut rapidement. Ce message était de Sternfield et se lisait comme suit :

« Tu pousses ma patience à bout. Viens de suite me rencontrer dans le boudoir, en haut, car j’ai à te dire des choses que tu dois savoir sans délai. À ton péril refuses ma demande, si tu oses, mais tu regret-