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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/252

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et se retira vers l’autre extrémité du salon. Une autre danse commençait, et Antoinette exaspéra singulièrement le danseur auquel elle était engagée en lui déclarant qu’elle était trop fatiguée pour remplir sa promesse. Profitant de la légère confusion qui ne manque jamais de régner lorsque les danseurs se mettent en place, elle sortit de la chambre, espérant n’avoir pas été vue. En peu de secondes elle fut en haut de l’escalier, et elle entra dans le boudoir où Sternfield l’attendait déjà, et qui, par contraste avec les autres appartements, n’était que faiblement éclairé.

— Tu as daigné faire diligence ! dit-il avec sarcasme en lui présentant un siège.

— Que me voulez-vous ? demanda-t-elle en plaçant sa main sur son cœur comme pour en modérer les battements rapides.

— Ne t’ai-je pas déjà avertie, dit-il, — et son front devenait plus sombre à mesure qu’il parlait, — ne t’ai-je pas déjà avertie que je m’occuperais peu de ta froideur, de ton indifférence, et même du dégoût que je pourrais lire sur ta figure, mais que je ne souffrirais pas de te voir, toi ma femme, t’amuser avec d’autres messieurs ?

— Toujours la même accusation injuste et sans fondement ! Avec qui prétendez-vous que je m’amusais tout à l’heure ?

— Avec ce dangereux hypocrite, le colonel Evelyn. N’essaies pas de le nier ! continua-t-il impétueusement