Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/258

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XXVII.


Ce qu’Antoinette dut souffrir pendant les heures longues et ennuyeuses de la soirée, aucune parole ne saurait l’exprimer. Forcée de parler et de sourire quand son cœur était presque à l’agonie, obligée surtout de mettre ses sentiments à l’abri des regards curieux et scrutateurs, il y eut des moments où elle crut qu’elle allait succomber et laisser tomber le masque.

Quant à Sternfield, qui triomphait dans le complot qu’il avait monté de la compromettre aux yeux du colonel Evelyn, — complot exécuté au moment où son œil exercé avait vu s’approcher son commandant, — il n’avait pas besoin de grands efforts pour rester maître de lui-même. Déterminé à blesser au vif et à faire souffrir sa femme, il consacra toutes ses attentions à la jeune demoiselle qu’il avait récemment fait monter dans sa voiture, si bien que l’indignation de madame d’Aulnay fut grandement excitée.

Regardant tout autour d’elle pour chercher Antoinette, elle l’aperçut assise près d’un guéridon, en frais d’examiner quelques gravures qui s’y trouvaient. Résolue de punir Sternfield, elle appela d’un signe le colonel Evelyn, et, lui donnant un rouleau de papier, elle lui dit :

— Allez, je vous prie, montrer ces nouvelles gravures à mademoiselle de Mirecourt, et examinez les ensemble. Vous me direz ensuite ce que vous en pensez.