Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/26

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simples, la vie tranquille de son pays natal. Aussi malgré les sollicitations pressantes de ses jeunes amis de Paris, malgré les sarcasmes que lui lançaient les dames lorsqu’il parlait du pays de la neige et des Sauvages, — il s’en revint dans sa patrie qu’il aimait d’un amour encore plus grand que lorsqu’il l’avait quittée. Disons-le à sa louange, son séjour à Paris n’avait en rien altéré les goûts paisibles et purs de son enfance, et jamais il n’avait pris part aux fêtes parisiennes avec autant de légèreté d’esprit et de gaieté de cœur qu’il en déploya dans les modestes réjouissances qui accueillirent son retour à Valmont.

Des cœurs aimants l’attendaient là pour lui souhaiter la bienvenue : sa mère qui, veuve depuis longtemps, avait trouvé dans son affection pour lui une si grande consolation de la mort de son mari et de ses autres enfants qui reposaient paisiblement dans le caveau de l’église au-dessous du banc dans lequel chaque dimanche et chaque jour de fête elle allait immanquablement prier Dieu ; des voisins, des censitaires et la jeune Corinne de Lorme, orpheline et parente éloignée de Madame de Mirecourt, que celle-ci avait élevée avec un soin tout maternel et qu’Arthur avait appris à considérer comme sa sœur.

Quoique d’une figure et gracieuse possédant de petits traits parfaitement réguliers, Corinne n’avait jamais obtenu le titre de beauté. Cela était dû, partie à l’absence qu’on remarquait chez elle de cette gaieté et de