Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/288

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prendre courage et espérer de votre délicieux proverbe français « à tout péché miséricorde. »

Antoinette était silencieuse. Il continua :

— Madame d’Aulnay, qui est aussi indiscrète et légère que belle et charmante, s’est imaginé de faire une inquisition sur ma conduite, me menaçant en même temps de s’en plaindre à toi. Je lui ai dit que c’était assez pour moi d’avoir à rendre compte de mes actions à ma femme, sans être astreint à faire la même chose à l’amie de ma femme. N’étais-je pas justifiable de lui parler ainsi ?

— Je ne me permets jamais de trouver à redire au sujet de vos actions, Audley.

— Tiens toujours à cette détermination, Antoinette, et tu feras une des plus parfaites petites femmes du monde. Mais, laissons ce sujet pour en aborder un plus agréable. Je suppose que tu es revenue à la ville pour y chercher un peu de gaieté, et non pas t’y claquemurer comme tu l’as fait à la campagne. En prévision d’un but aussi louable, je viendrai te chercher demain après-midi pour faire une longue promenade ; nous irons où tu voudras, mais madame d’Aulnay ne sera pas de la partie.

— Dans ce cas, je ne dois pas y aller.

— Pourquoi cela ? demanda-t-il aussitôt avec irritation.

— D’abord, je ne veux pas offenser Lucille qui est pour moi pleine de sollicitude et de considération ;