Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/334

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— Oh ! Audley, mon cher époux, — s’écria-t-elle d’une voix suppliante et en présentait la croix à ses lèvres ; — embrassez-la aussi, non pas, comme je l’ai fait, pour ajouter de la solennité à une promesse terrestre, mais comme le signe de la rédemption, le gage de la paix et du pardon futurs.

— Non, non, Antoinette, — et il sourit faiblement ; — il est trop tard pour tenter de me convertir. J’ai déjà réglé mes affaires spirituelles avec le docteur Ormsby qui m’a lu des prières et qui a réussi à m’empêcher, avec beaucoup de difficulté je dois l’avouer, de maudire le misérable qui a tranché le fil de mon existence.

— Mais, cela ne vous fera pas de mal si vous me permettez de dire une prière ici, près de votre lit ?

— Je suis ici, ma chère dame, pour accomplir le grave devoir qui m’incombe, — intervint d’une voix ferme, quoique polie, le révérend Ormsby qui s’avançait vers eux. — Jusqu’ici, sachant que vous aviez beaucoup à vous dire, je me suis abstenu de vous gêner par ma présence ; mais si vous désirez entendre une prière ou une lecture, major Sternfield, je suis prêt à vous les faire.

— Sans doute vous devez l’être, docteur, répondit Sternfield avec un sourire étrange. Ce serait une chose excessivement mortifiante de me voir, au dernier moment, sortir de votre troupeau pour entrer dans l’Église de Rome.

— Oh ! cher Audley, ne parlez pas aussi légèrement de