Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/40

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recherchée, cet échec avait quelque chose de réellement mortifiant.

Pendant qu’elle se consumait ainsi en vains efforts, sa cousine, mademoiselle de Mirecourt, avait plus de succès auprès de celui qui était en ce moment son danseur. Ce personnage était le major Sternfield, surnommé l’irrésistible par quelques-unes des dames de la compagnie et qui certainement semblait presque mériter par son extérieur ce titre un peu exagéré. Une grande taille parfaitement proportionnée, des yeux, des cheveux et des traits d’une beauté sans défaut, joints à un merveilleux talent de conversation et à une voix dont il savait moduler l’accent sur la musique la plus riche, sont des dons qu’on ne trouve pas toujours réunis dans un heureux mortel. Ainsi pensaient plus d’un envieux et plus d’une admiratrice, ainsi pensait Audley Sternfield lui-même.

Une partenaire convenable pour cet Apollon était sans contredit la gracieuse Antoinette de Mirecourt dont les charmes personnels étaient doublement rehaussés par une charmante naïveté et une espèce de sauvagerie qui, pour plusieurs, la rendait encore plus séduisante que sa beauté même. Le major Sternfield était penché vers elle, apparemment indifférent à tout ce qui n’était pas elle et ne lui donnant certainement pas lieu de se plaindre d’un manque d’empressement. Tout à coup, avec une assez grande habileté pour une novice comme elle, changeant le ton de la