Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Qu’est-ce que les hommes portent pour se protéger contre la rigueur sibérienne du climat ?

— Des capots de peaux d’ours, répondit-elle laconiquement.

— Et les femmes, — je vous demande pardon, les dames, le beau sexe, — aurais-je dû dire ?

— Des couvertes et des mocassins, répondit Antoinette, en relevant un peu sa jolie petite tête, car elle sentait que sa patience commençait à l’abandonner.

L’honorable Percy ouvrit de grands yeux.

Était-ce vrai ? ou bien, cette “ petite fille des colonies ” comme il l’appelait intérieurement, voulait-elle se moquer de lui ? Oh ! cette dernière hypothèse était improbable, tout-à-fait hors de question. L’accoutrement dont il était question devait, en effet, être en usage dans certaines parties du pays où les femmes revêtaient encore le singulier costume que venait de dépeindre la jeune fille et qui devait être une réminiscence de ceux que portaient les sauvagesses leurs aïeules[1].

Revenant à la charge, il reprit avec une nonchalance de ton et d’attitude encore plus impertinente :

— On dit que pendant huit mois le sol est couvert de quatre pieds de neige et de glace, et que tout gêle. Comment donc les malheureux habitants de ce pays

  1. Le lecteur voudra bien se rappeler que ceci se passait il y a près d’un siècle, alors que la chose, quoique improbable, était très possible. — Note de l’auteur.