Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lorsque ses yeux tombèrent sur ce charmant petit bras qui semblait presque dénoter la faiblesse d’une enfant et en se rappelant l’intrépide courage de l’héroïque jeune fille avait déployé dans la rude épreuve par laquelle ils venaient de passer.

— Mademoiselle, dit-il, je dois vous demander pardon de ma maladresse, car vous devez avoir reçu cette meurtrissure lorsque je vous ai jetée hors de la voiture. Il m’aurait été si facile de sauter à terre en vous tenant dans mes bras ! mais j’ai craint que mes pieds en s’embarrassant dans les manteaux et les fourrures qui remplissaient la voiture ne fussent la cause d’un malheur. Puis-je maintenant faire quelque chose pour réparer ma gaucherie ? Laissez-moi, je vous prie, laver ce bras avec un peu d’eau froide.

— Oh ! non, ce n’est qu’une bagatelle que Jeanne soignera lorsque je serai de retour à la maison, répondit-elle en souriant et en rougissant un peu pendant qu’elle ramenait vivement sa manche de robe.

Un silence de quelques instants s’établit entre les deux jeunes gens ; puis, le colonel Evelyn, qui regardait fixement Antoinette depuis quelques minutes, ne put s’empêcher de s’exclamer :

— Savez-vous que vous vous êtes conduite en véritable héroïne ! pas le moindre mouvement, pas la plus légère exclamation de frayeur ! et cependant, si j’ai bien compris l’expression de votre contenance, vous étiez grandement alarmée.