Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/80

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Mirecourt de ce qu’elle était saine et sauve. La plupart des messieurs furent également sincères dans leurs condoléances au colonel Evelyn à l’occasion de la perte de ses magnifiques chevaux ; mais celui-ci reçut ces expressions de regret avec plus d’impatience que de gratitude.

On tint ensuite conseil sur la manière dont s’effectuerait le retour à la maison des acteurs de la scène qui venait de se passer. Il fut décidé que le domestique de madame d’Aulnay donnerait sa place, à l’arrière, au major Sternfield qui, en retour, céderait à Antoinette celle qui occupait près de madame d’Aulnay. Évitant instinctivement les voitures dans lesquelles il y avait quelque dame, Evelyn trouva la moitié d’une siège dans un cutter déjà presque rempli par le majestueux docteur Manby et un autre officier ; mais il parvint à s’y maintenir jusqu’à leur arrivée à Lachine.

Là ils s’arrêtèrent pour se reposer et prendre quelques rafraîchissement à une hôtel passablement commun, mais qui était le seul dans le village ; heureusement, le major Sternfield, avec une prévoyance digne des plus grands éloges, avait fait placer dans une des voitures un large panier rempli de vins choisis et d’autres rafraîchissements qui furent accueillis avec joie, cela va sans dire.

Le coucher du soleil, si hâtif en hiver, éclairait de ses derniers feux la maison de madame d’Aulnay, quand les promeneurs s’arrêtèrent devant la porte. Des adieux pleins d’amitié furent échangés de part et d’autre, puis chacun se sépara pour retourner chez soi.