Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/81

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Cependant, avant de prendre congé, le colonel Evelyn pressa avec bonté la main d’Antoinette, et manifesta encore une fois l’espoir que le lendemain la verrait complètement remise des effets de la terreur qu’elle avait éprouvée durant la journée.

Moins satisfait, le major Sternfield insista auprès de madame d’Aulnay pour avoir la permission d’entrer avec elles dans la maison, ou au moins de revenir le même soir. Tout en souriant, Lucille refusa péremptoirement cette double demande, déclarant que la pâleur de mademoiselle de Mirecourt démontrait à l’évidence qu’elle avait besoin d’un repos immédiat et absolu.

Durant la soirée, madame d’Aulnay alla trouver Antoinette dans sa chambre, et, après l’avoir questionnée au sujet de la mésaventure du jour, elle demanda si ce ne serait pas une indiscrétion que de chercher à connaître le contenu des lettres qu’elle avait reçues de chez elle. Quoiqu’à contre-cœur, Antoinette les lui donna, pendant que Lucille, lui passant le bras autour du cou, lui disait :

— Tu ne dois avoir aucun secret pour moi, petite cousine. Tu n’as ni mère ni sœur à qui te confier : prends-moi pour amie et confidente.

Elle lut la lettre de M. de Mirecourt lentement et avec attention, et la replia sans faire aucun commentaire ; mais après avoir jeté un coup d’œil rapide sur celle de madame Gérard, elle la froissa entre ses mains, puis, ouvrant la porte du poêle, elle la jeta au feu.