Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/87

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— Alors, oui ! répondit Antoinette d’une voix agitée et presqu’inintelligible. Relevez-vous de suite.

— Merci ! merci ! murmura-t-il en portant à ses lèvres la main qui retenait encore et en passant rapidement dans l’un de ses doigts un superbe jonc d’opale, sceau de leurs fiançailles.

Madame d’Aulnay entra en ce moment, et un léger et joyeux sourire traversa sa figure en promenant ses regards des traits réguliers de Sternfield qui brillaient de triomphe, à la contenance embarrassée et contrainte de sa cousine.

Le major ne prolongea pas sa visite ; il avait compris que son départ serait d’un grand soulagement pour sa timide fiancée. Mais il ne partit pas sans avoir préalablement amené madame d’Aulnay dans l’embrasure d’une fenêtre et lui avoir dit tout bas :

— Comment pourrai-je jamais vous remercier comme vous le méritez, bonne et généreuse amie ? Ma déclaration a été favorablement accueillie !

Un sourire bienveillant fut sa réponse, et dès qu’il fut sorti, madame d’Aulnay alla se jeter sur un canapé près de sa cousine. Celle-ci ne paraissait pas être en veine extraordinaire de conversation. Ne voulant pas forcer ses confidences, Lucille parla de choses indifférentes et se contenta de faire, apparemment sans dessein, un nouvel et pompeux éloge de Sternfield. C’en était assez pour faire disparaître certains doutes qui tourmentaient encore l’esprit de la jeune