Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/95

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sine et de ses amis, ne daigna pas lui remettre son salut, et se contenta de jeter sur lui un regard inquisiteur comme s’il eut voulu lui faire subir uni examen ; puis, se jetant dans le fauteuil qu’Antoinette venait de quitter et sur le bras duquel elle avait laissé son mouchoir, il se mit industrieusement à épousseter ses bottes avec sa petite canne à poignée d’agate.

Déterminé à faire sentir à ce beau monsieur que l’impertinence arrogante n’est la prérogative d’aucune classe ni d’aucune profession, Beauchesne traversa le salon et vint se placer près de la glace devant laquelle il se mit à arranger sans cérémonie son col et ses cheveux, et ce avec une suffisance qui semblait rivaliser en impertinence avec le dandysme insolent de Sternfield.

Lorsque les dames entrèrent ; usant de son : privilége d’ami intime, Louis s’avança vers elles languissamment, s’informa négligemment de leur santé, et s’assit ensuite avec une nonchalance qui ressemblait passablement à celle dont le major venait de donner un échantillon.

Celui-ci, s’apercevant enfin que ce hardi campagnard, comme il le qualifiait, cherchait à le tourner en ridicule, lui lança un regard plein de colère. Comprenant alors la situation, qu’elle avait soupçonnée de prime-abord, madame d’Aulnay s’empressa de dire :

— Venez, donc ici, Louis ; j’ai à vous faire une question au sujet de mon oncle de Mirecourt.

Et elle l’entraîna dans le vestibule, comme si elle