Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/210

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XXII.


Une semaine s’écoula assez tranquillement. Sternfield, qui avait recouvré un peu de sa bonne humeur et qui avait, en outre, reçu de sévères leçons de madame d’Aulnay, s’était mieux comporté. Le colonel Evelyn, de son côté, avait envoyé aux dames quelques volumes très intéressants, mais il n’était pas venu les voir. Une après-dînée, cependant, que, n’attendant aucune visite, elles s’étaient mises à leur ouvrage, Jeanne vint apporter la carte du militaire.

— Qu’est-ce que cela signifie donc ? s’écria madame d’Aulnay : assurément, il doit être épris de toi, Antoinette. N’est-ce pas malheureux que…

Elle s’arrêta tout-à-coup et se mordit les lèvres, car la rougeur qui s’était soudain répandue sur le visage de sa cousine lui disait que la pensée de regret qu’elle voulait exprimer au sujet de l’union d’Antoinette avec Sternfield était parfaitement comprise. Hélas ! son propre cœur n’était-il pas, non-seulement en ce moment, mais tous les jours, toutes les heures, agité par les mêmes regrets superflus ?

Le colonel Evelyn entra. Ses manières dégagées étaient bien différentes de sa réserve habituelle. Pendant que madame d’Aulnay épiait le regard qu’il laissa tomber sur sa cousine et le joyeux sourire avec