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répandit sur ses joues et son front, et pendant un instant il lui fut impossible d’articuler une parole, tant était grand son embarras.

— Armand Durand, lui dit la jeune fille en se retournant brusquement, si je savais que vous seriez assez simple pour croire à l’impertinence que de Montenay vient de dire, je vous donnerais le châtiment que je lui ai infligé tout-à-l’heure ; mais quels que soient les défauts que vous ayiez, vous ne devez certainement pas avoir celui-là.

Armand était trop confus pour répondre ; mais il n’y avait rien de pénible dans son embarras. Il était là, par une belle et douce nuit d’été, respirant le riche parfum des fleurs, écoutant sans oser la regarder l’éclatante mais fantasque jeune fille qui était à ses côtés. Son âme fut si vivement impressionnée de cette scène, que le souvenir ne s’en effaça jamais de sa mémoire : et plusieurs années après, malgré qu’ils fussent séparés, plus par les circonstances que par l’espace, il se rappelait cet incident avec complaisance.

— Maintenant, ajouta-t-elle, venez ; je vais vous présenter à ma mère. Vous ne devez pas partir sans cela, car ce serait impoli.

Comme Armand tirait en arrière en marmottant quelque semblant d’excuse, elle ajouta :

— Ça ne sert de rien d’hésiter : venez tout de suite.

Et elle le précéda. Il la suivit à regret.

Madame de Beauvoir était penchée sur le