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— Je crois qu’elle l’est, bien que je ne l’aie pas envisagée et que je ne lui aies pas parlé dix fois depuis qu’elle est dans la maison, reprit Armand d’un air qui faisait voir qu’il était ennuyé d’un sujet qui, selon lui, était assez peu intéressant pour mériter même qu’on en plaisantât.

Belfond, qui avait du savoir-vivre, s’apercevant de la chose, changea de conversation et parla de leur ancienne vie de collège, de politique et de tout ce qui s’offrit à son esprit. Au bout de quelque temps, il s’approcha de la fenêtre qui donnait sur le jardin, lequel paraissait assez triste malgré le feuillage aux brillantes couleurs du mois d’octobre. Tout-à-coup il s’écria d’un air étonné :

— Dis-moi, Armand, quelle est cette belle princesse, cet ange qui est là dans l’allée ? Je n’ai jamais vu une figure aussi belle !

— C’est mademoiselle Délima, la cousine en question.

— Eh ! bien, il faut que tu aies l’esprit obtus ou que tu sois un fin matois ! reprit Belfond en jetant sur son ami un regard pénétrant. Quoi ! cette jeune fille est une beauté, et sa mine et sa toilette sont aussi gracieuses que celles d’aucune des dames qui se trouvaient hier soir chez M. de Courval, sans même en excepter Gertrude la non pareille.

— Pouah ! dit Armand en éclatant de rire. Tu es enclin aujourd’hui à faire des découvertes, sur le mérite desquelles cependant il doit être permis de différer.