Délima Laurin se trouvait au souper, et Paul fut aussi frappé de sa beauté que Belfond l’avait été. Il fut très-poli, à sa façon : il offrit de ceci, servit de cela, et après que les deux frères furent revenus dans la chambre à coucher, il accabla Armand de questions pour savoir qui elle était, d’où elle venait, si elle resterait longtemps ? Il fit des allusions et des plaisanteries sur ce que de tels attraits pouvaient réconcilier un homme avec des cachots encore plus sombres que des bureaux d’avocats, et reprocha à Armand le silence complet qu’il avait gardé sur l’existence d’une personne qui devait sans doute occuper ses pensées Armand, qui ne goûtait pas ces taquineries, finit par lui dire :
— Pour l’amour du ciel, Paul, choisis un sujet plus amusant et qui m’ennuie moins. Je voudrais bien que la petite Délima fût retournée à St.-Laurent, car elle m’attire de toute part d’insupportables plaisanteries et d’ennuyeuses questions !
Paul, persuadé que cette défense voulait dire justement le contraire de ce qu’Armand éprouvait, — vu surtout que celui-ci, dans le cours de la conversation, avait laissé échapper deux ou trois fois quelques paroles de souvenir de Gertrude de Beauvoir ; — changea de conversation et trouva un sujet plus du goût de son compagnon, en racontant les changements qui s’étaient dernièrement opérés à Alonville ; en lui nommant ceux qui composaient le chœur du village, ceux qui avaient été nommés marguilliers, inspecteurs de chemins et autres emplois.