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leur cercle dont Délima, occupée de sa couture, formait toujours partie ; puis, d’un air de compassion, elle priait celle-ci de mettre de côté son éternel ouvrage, et que peut-être M. Armand serait assez bon pour jouer une partie de dames avec elle. Très-fréquemment aussi madame Martel, sous prétexte qu’elle avait à voir aux affaires de la maison, s’absentait pendant les veillées ; mais si cette femme intrigante les avait guettés de quelque cachette, elle aurait été grandement édifiée de voir la tenue irréprochable des jeunes gens pendant ses fréquentes absences.

Durand étudia avec assez d’ardeur pendant l’hiver ; cependant il allait quelques fois en soirée, et ne se permettait pas d’autres dépenses que de temps en temps celle d’une soupe aux huîtres partagée avec quelques uns de ses amis, étudiants comme lui. Il serait fort difficile de dire le nombre de caraquettes qui disparaissaient pendant ces innocentes bombances, et ce serait une tâche ardue que d’en marquer le chiffre sur le papier, car le grand total de l’addition paraîtrait exagéré.

Par une après-dinée d’un froid vif, comme Armand, qui venait d’arriver du bureau, était à se débarrasser de son paletot, il reçut la visite d’un ancien camarade de collège, pour lequel il n’avait jamais eu une grande amitié, mais qui persistait, malgré cela, à le rechercher et à le fréquenter. Il venait l’inviter à un souper d’huîtres.

— Mon adresse, ajouta-t-il en plaisantant, est dans une petite maison de la rue Ste.