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temps à faire son possible pour plaire à notre héros. Celui-ci commençait enfin à découvrir et à apprécier un peu sa beauté et ses grâces, après que son attention y eût été attirée par les louanges et l’étonnement de tous ses amis qui l’avaient vue. Elle était envers ces derniers toujours réservée, même froide, et à ceux de ses admirateurs qui lui adressaient des propos flatteurs ou de galants compliments, elle ne répondait jamais par un sourire ou un mot d’encouragement ; mais il y avait toujours pour Armand un regard timide ou une douce inflexion de voix qui trahissaient en elle tout l’intérêt qu’elle lui portait. Petit à petit, il s’établit entr’eux une intime amitié, résultat de leur résidence sous le même toit.

L’hiver avec ses longues veillées était arrivé, et quelques fois Armand les passait dans le petit salon de famille, soit à lire à haute voix, soit à jouer une partie de dames avec Délima qui était très-forte à ce jeu. S’il avait eu un peu plus d’expérience de la vie ou s’il avait été d’un caractère soupçonneux, il n’aurait pu faire autrement que de s’apercevoir de la remarquable adresse que madame Martel mettait à contribution pour faire progresser l’amitié qui paraissait s’établir entre lui et sa jeune et jolie cousine. Les soirs où les tempêtes de neige sévissaient au-dehors et qu’elle ne craignait pas d’être dérangée par les visites, elle priait instamment M. Armand d’abandonner un moment sa chambre solitaire pour venir rejoindre