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ma en rompant le long, silence qui avait suivi.

— Madame et mademoiselle de Beauvoir, répondit-il brièvement, incapable de déguiser dans sa voix une certaine irritation cachée. Mais il faut que nous marchions plus vite, mademoiselle Laurin, il est très-tard.

Après cela peu de paroles s’échangèrent entre les deux jeunes gens. Armand n’était pas d’humeur à parler, et Délima, richement dotée sous le rapport de la beauté, ne l’était pas beaucoup sous celui de l’esprit et des connaissances. En arrivant à la maison notre héros, sans s’arrêter à répondre au sourire de bienvenue de madame Martel, gagna sa chambre le plus vite qu’il put.

— A-t-il parlé ? demanda-t-elle avec empressement et à voix basse à sa cousine, pendant qu’elles étaient encore dans le vestibule.

— Rien d’à-propos, répondit la jeune fille avec des larmes dans les yeux.

— Ciel ! comme il doit avoir le cœur de pierre ! observa la bonne femme en élevant ses mains et ses yeux en l’air. Mais conserves ton courage, ma Délima ; j’ai courtisé six mois mon vieux et digne mari avant qu’il condescendît à me faire l’amour, et cependant, vois comme il pense toujours à moi, et quel heureux couple nous faisons ! Mais as-tu faim, ma petite ? J’ai dans l’armoire d’excellente tête en fromage et une tranche de galette au beurre.

— Oui, je vais prendre une bouchée, car