Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/18

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propres ressources. Ayant un vague pressentiment des embarras qui allaient s’en suivre, Paul avait fait tout son possible pour inviter madame Niquette à rester à son poste. Il l’avait sollicitée, suppliée, lui offrant ce qui était alors considéré comme des gages presque fabuleux ; mais la vengeance a quelque chose de doux pour certaines natures, et la vieille gouvernante ne pouvait pas se priver de cette douceur.

Oubliant la bienveillance et la considération que son maître lui avait toujours accordées, les cadeaux et les privilèges qu’il lui avait distribués d’une main très-libérale, elle s’était persuadée qu’on la traitait avec la plus noire ingratitude et qu’elle figurait dans la maison un personnage réellement sacrifié.

— Ah ! s’était-elle dit en le laissant par un « bonjour, M. Durand » auquel celui-ci avait répondu avec froideur, ah ! mon beau mari, je vous verrai bientôt me supplier de revenir ici ; mais je ne ferai pas cela avant que vous et votre femme m’ayiez longtemps et vivement sollicitée, et quand je reviendrai, je vous apprendrai à tous deux à respecter la mère Niquette.

Mais la bonne vieille dame s’était trompée : ni le maître ni sa femme revinrent la troubler de nouvelles supplications. Bien qu’ayant demeuré longtemps chez Durand, elle n’avait pu encore pénétrer entièrement son caractère.

Ainsi que nous l’avons dit en commençant,