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redoutait la tournure que prenait la conversation, intervint.

— Paul, dit-elle, il faut absolument que tu ailles te coucher à présent. Tu as veillé près de ton pauvre père pendant les trois dernières nuits : nous allons, Armand et moi, te remplacer ce soir. Hélas ! notre veille est maintenant sans espérance.

Paul, qui était très-mal à son aise en la présence de son frère, accepta l’offre avec empressement, et la tante et le neveu se trouvèrent encore seuls.

Après quelques prières et quelques moments employés à une méditation respectueuse, madame Ratelle fit signe à son neveu de venir s’asseoir près d’elle, dans un coin retiré de la chambre, et là, à voix basse, elle lui raconta le court épisode du ménage de sa jeune mère. Elle n’omit rien, pas même son énergique désapprobation de son manque de savoir-faire ; puis elle lui parla de la mère de Paul, de sa valeur morale, des consciencieux et tendres soins dont elle avait entouré le jeune fils de son mari. Armand écouta attentivement ces réminiscences du passé, en jetant de temps en temps un regard sur ce lit mortuaire sur lequel était son père ; il se sentit de plus en plus convaincu que l’intervention de madame Ratelle était un effet de la Providence, et il remercia Dieu d’avoir plutôt écouté ses prières que les conseils de la vengeance.

Aussitôt que les tristes jours qui précédèrent les funérailles et celui encore plus