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— Je vous ai déjà dit, madame Martel, que je ne souffrirais aucune intervention sur ce sujet.

— Les gens pauvres ne devraient pas être aussi précieux !

Et madame Martel regarda l’horloge comme si elle lui adressait cette observation.

— Vous devriez vous rappeler, ajouta-t-elle, que vous avez à présent une jeune femme qui dépend de vous.

Ici Délima fondit en larmes. Armand se leva précipitamment de table et sortit de la chambre.

— Je crois que si vous continuez sur ce ton, vous forcerez bientôt le nouveau marié à se promener à son compte. Il trouvera que c’est le seul moyen de s’assurer un peu de paix.

— André Martel, tu es un imbécile !

— Peut-être, puisque je t’ai mariée ; mais cessons, ma femme, cette escarmouche, et donne-moi une autre tasse de thé.

Aussitôt qu’il l’eût avalé, il se leva sans cérémonie et s’esquiva dans la cuisine pour fumer une pipe.

Pendant ce temps-là Armand était sorti pour aller faire une promenade qu’il n’avait pas préméditée. La mauvaise fortune ne pouvait le favoriser d’un temps plus triste : l’agréable clarté du soleil de l’après-midi s’était bientôt assombrie, et la neige tombait à gros flocons accompagnée d’un vent perçant. Les rues étaient désertes ; on n’y voyait que ceux qu’une absolue nécessité