Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
226

amical bonsoir, le père Martel lui mit la main sur l’épaule et lui dit d’un ton sérieux :

— Un petit conseil que je ne cesserai de vous donner, mon cher Armand, tant que vous ne l’aurez pas mis en pratique, est celui-ci : ne laissez pas vos repas parce qu’on vous y gronde ; mangez bien et de bon appétit, puis battez la retraite aussi vite que vous le voudrez.

Ce conseil fut donné à point, car au déjeûner, le lendemain matin, madame Martel et Délima étaient très-pointilleuses, et elles lancèrent plusieurs allusions provocantes sur la négligence et l’indifférence de certains hommes sans cœur qui préfèrent aller prendre un coup avec des amis que d’être dans la compagnie de leurs respectables femmes.

Au lieu de suivre le judicieux avis de son hôte et de prendre un repas complet, Armand n’absorba qu’une demie ration de thé et de toasts et se sauva dans ce qu’il avait autrefois appelé, en riant, un sombre cachot de bureau, mais qui était à présent pour lui un port de salut, un asile de repos.