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— J’en suis bien fâché, mais je crains que tu sois obligée de la porter tout cet hiver.

— Ah ! ça, non, elle ne le fera pas, M. Durand, interrompit la terrible femme. Pourquoi avez-vous pris une épouse si vous ne pouvez pas l’habiller décemment ?

— Vous oubliez, madame, que vous m’y avez forcé malgré moi, répliqua Durand qui était en ce moment dans une disposition d’esprit très-irritée.

— Oui, je puis témoigner que c’est vrai, ajouta M. Martel solto voce… Absolument comme on a fait pour moi-même !

Sa femme se tourna brusquement vers lui les yeux étincelants de colère, mais il avait prudemment battu en retraite.

— Tout cela ne répond pas à ma demande, reprit la jeune femme.

— J’y ai déjà répondu ; je n’ai pas plus d’argent à te donner pour le présent.

— Mais vous en auriez beaucoup si votre orgueil vous permettait de vous adresser à quelques-uns de vos parents qui sont si riches ; plutôt que de faire cela, vous préférez vivre de charité.

Les joues d’Armand devinrent écarlates.

— Comment cela, madame Martel ? dit-il ; est-ce que je ne vous paie pas régulièrement la somme que vous avez vous même fixée pour la pension de ma femme et la mienne ?

— Bah ! une somme qui ne paie seulement pas la moitié des dépenses ! C’est pourquoi si vous n’écrivez pas, j’écrirai moi-même et je dirai à votre tante Françoise à votre frère