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ma pauvre petite femme et moi, en lui demandant. de faire ce qui est au-dessus de ses forces. Elle n’est pas faite pour les travaux durs et fatigants, pas plus que le petit oiseau qui gazouille dans l’orme qu’il y a là devant la maison. De plus, elle est jeune et elle apprendra.

Madame Chartrand pensa intérieurement qu’en effet des femmes aussi jeunes et aussi délicates que Geneviève étaient souvent devenues de bonnes ménagères, mais elle garda cette réflexion pour elle-même et reprit :

— Je ne veux pas blâmer ta femme pour son ignorance à conduire un ménage, mais ne penses-tu pas qu’elle ferait bien de commencer de suite à l’apprendre ? Il se pourrait que tes moissons ne seraient pas toujours aussi bonnes que cette année ; les enfants, qui entraînent de nouvelles dépenses, peuvent venir, et la ruine dont tu te ris maintenant te surprendre plus tard. Écoutes je vais te faire une proposition. Je suis veuve, sans enfants, et parfaitement libre de suivre mes volontés. Dis un mot et je viens demeurer ici. Je ne serai pas un fardeau, car tu sais que j’ai par moi-même des moyens suffisants. J’enseignerai à Geneviève la tenue du ménage si elle a la force ou le désir de l’apprendre, et dans tous les cas je prendrai sur moi toute la tâche de conduire la maison. Ton bien-être, ta bourse et ton bonheur y gagneront. Maintenant, réfléchis bien avant de me donner une réponse quelconque.