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et qu’ils échangèrent un petit salut, il pensa tristement qu’elle n’était pas maintenant plus près de lui qu’elle ne l’avait été au timide jeune homme de campagne.

Les convives se trouvèrent bientôt assis autour d’une table somptueusement servie, et ce fut alors qu’il arriva à Armand un des contre-temps désagréables dont il avait été jusque-là protégé par sa vie retirée. Depuis le mémorable matin que Gertrude, semblable à un ange de lumière, lui était apparue à la petite auberge et lui avait arraché cette promesse qui avait été son salut, il s’y était montré scrupuleusement et religieusement fidèle ; même lorsque madame Martel, en lui annonçant qu’il était père lui avait présenté un verre plein jusqu’au bord, l’invitant à boire à la santé de la mère et de l’enfant, il s’était bravement exposé à l’indignation de la bonne femme en refusant avec fermeté la coupe qu’elle lui offrait, ce qui lui faisait faire, plus tard, la remarque qu’elle s’attendait bien à la triste catastrophe qui était survenue peu de temps après une circonstance si inouïe.

On proposa une santé en l’honneur des jeunes mariés et les verres furent emplis de champagne. Machinalement, notre héros leva le sien à la hauteur de ses lèvres, espérant par là échapper à la remarque et aux imputations d’affectation qu’on ne manquerait pas de lui faire. En effet, il fut désappointé dans son attente, car deux ou trois personnes, qui l’avaient observé, lui en