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d’un mal mortel, elle se traîna hors de la chambre.

L’ennemi le plus acharné qu’aurait jamais eu Paul Durand, eût senti tous ses désirs de vengeance pleinement satisfaits s’il eût pu jeter un coupd’œil dans cette chambre silencieuse et au fond du cœur de celui qui l’occupait, alors qu’il était assis, noyé dans la solitude ne son anéantissement. Sa tête brûlante s’inclinait jusque sur ses bras croisés, sans qu’il prît garde à l’ombre du crépuscule qui se faisait plus épaisse, et sans se soucier de son jeûne de toute la journée qu’il n’avait légèrement rompu qu’une fois dans l’heureuse anticipation de partager avec elle, chez lui, le doux repas du soir.

Peu à peu sa première violence fit place à des pensées moins amères et à des sentiments plus humains. Eh ! quoi si Geneviève avait erré seulement par inexpérience et faute de réflexion ! elle n’était coupable, après tout, que d’avoir simplement permis les visites de de Chevandier, sans les rechercher ni les encourager.

Oui, mais le mal n’en était pas moindre, car il avait, dans sa colère, prononcé des paroles que peu de femmes pourraient aisément oublier ou pardonner ; il sentait s’élever au dedans de lui un certain esprit d’opiniâtreté bourrue qui l’empêcherait de faire rien qui ressemblât à des avances, quand même il serait convaincu qu’il l’avait accusée injustement.

Il prévoyait tout : l’éloignement qui allait