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Sortant tout-à-coup de sa préoccupation, il lui demanda :

— Quel tour t’avait donc fait mon gros lourdaud d’ami pour que tu l’aies si subitement choisi, tandis que plusieurs de ces oursons te tourmentaient depuis si longtemps ? Comme tu parais étonné !

Lorsqu’Armand apprit que le furieux assaut qu’il avait commis sur Belfond avait été comparativement sans provocation, il en conçut un extrême chagrin, et il se raffermit dans la conviction que la partie qu’il avait jouée était tout autre chose que de l’héroïsme. Cependant, la pensée que l’objet de sa secrète et enfantine admiration avait daigné l’honorer de son amitié, fit bientôt disparaître cette peine.

Plus tard dans la journée, comme les écoliers se mettaient en rangs pour se rendre au réfectoire, il se trouva en contact avec son adversaire du matin.

— Dis donc, Durand, lui souffla celui-ci avec fureur en lui montrant son œil poché et noirci, je pense que tu es bien fier de ton exploit, mais il me faut ma revanche. Ça te plairait-il d’avoir une autre prise demain matin dans la cour de récréation ?

— Franchement, non ! répondit honnêtement Armand.

— Et pourquoi pas ?

— Parceque tu es beaucoup plus gros et plus fort que moi, et que je me ferais battre.

— Mais, dis donc, Durand, tu l’as culbuté ce matin comme une quille, tu pourrais bien