avait montré dans le commencement de sa maladie la plus grande amertume vis-à-vis de son ancienne protégée, disant que si ce n’avait pas été pour son ingratitude et sa duplicité, elle aurait eu le bonheur de laisser Blanche avantageusement mariée, et non une orpheline isolée. Aussi le prêtre prit sur lui de révéler assez du secret de Rose pour permettre à la vieille dame de mourir en bonne chrétienne, et de laisser non seulement son amitié et sa dernière bénédiction à celle qui avait auparavant été l’objet de sa haine, mais de plus une preuve plus substantielle de son estime, sous la forme d’un legs considérable.
Après le décès de madame Dumont, Blanche prit chez elle une vieille demoiselle, une parente éloignée : et mademoiselle de St-Omer échangea volontiers la rigide économie avec laquelle elle avait vécu jusqu’alors, contre le confort du manoir et l’agréable compagnie de sa jeune maîtresse.
Quelque temps après, cependant, l’état des affaires publiques empirant de jour en jour, et les espérances ainsi que le courage des colons décroissant en proportion, Blanche fut engagée par les pressantes sollicitations de ses amis, de quitter sa demeure chérie de Villerai, qu’ils disaient être top isolée pour deux femmes sans défense, et de s’établir à Montréal avec mademoiselle de St-Omer. Là, Blanche continua de mener la vie la plus retirée, pleurant madame Dumont, comme si elle eût été par le sang ce qu’elle avait réellement été par son amour et ses soins, une mère dévouée. Elle employait une bonne partie de ses nombreuses heures de loisir dans des œuvres de charité en accompagnant l’excellente demoiselle de St-Omer dans les fréquentes visites que celle-ci faisait aux familles pauvres et abandonnées.
Dans une de ces expéditions de bienveillance, par une belle après-midi, les deux dames dirigèrent leur course vers une misérable et obscure ruelle du faubourg Québec. L’objet de leur visite était une pauvre femme dont le mari, volontaire canadien, avait été tué dans l’exercice de son devoir quelques semaines auparavant, et qui se trouvait maintenant seule pour faire vivre une nombreuse famille. La maison dans laquelle demeurait la pauvre veuve était divisée en quatre parties, occupées par autant de familles.
En sortant de chez cette pauvre femme, après avoir laissé