nerait le fort avec les honneurs de la guerre, emportant avec elle ses armes, ses provisions et ses munitions ; à condition, toutefois, que les soldats ne combattraient pas contre la France ou ses alliés pendant l’espace de dix-huit mois, et que tous les prisonniers, soit Français, soit sauvages, détenus dans les colonies anglaises, seraient renvoyés à Carillon.
Mais le malheureux événement qui avait eu lieu à la capitulation d’Oswégo, se répéta ici et ternit la gloire de ce brillant succès. Les alliés indiens, privés par les termes de la capitulation du pillage sur lequel ils comptaient pour se rémunérer, attaquèrent les Anglais dans leur retraite, en tuèrent brutalement plusieurs, dépouillèrent les autres, et firent un grand nombre de prisonniers. Quand le chevaleresque de Montcalm fut informé de ces atrocités, il s’efforça aussitôt de les arrêter. Il obligea ses féroces alliés de rendre leurs prisonniers, les conduisit lui-même au fort Henry, et, après leur avoir donné de nouveaux habits, les renvoya dans leur pays sous bonne escorte. Deux cents prisonniers furent emmenés à Montréal par les indiens, et le marquis de Vaudreuil, les ayant rachetés à des prix exorbitants, les renvoya de la même manière aux États-Unis. Le fort William-Henry fut rasé et l’armée se rembarqua pour Carillon.
Le régiment auquel appartenait de Montarville, le Royal Rousillon, avait pris une part active à tous ces événements. Quoiqu’il fût difficile de se faire distinguer par sa bravoure, au milieu de tant de braves, le jeune Canadien pourtant fut assez heureux pour attirer sur lui la bienveillante attention du vaillant de Bougainville, qui trouvait peut-être dans le courage aveugle et impétueux de Gustave, un écho aux nobles impulsions de son propre cœur. Le jeune de Montarville était très aimé tant par les officiers que par les soldats du régiment. La gaieté légère de son caractère, les dispositions naturellement remarquables de son cœur, sa douceur, son courage, et une générosité qui mettait sa bourse, ordinairement bien garnie, à la disposition de ses amis, en faisaient le favori de tout le monde.
Sur ces entrefaites, il arriva un événement qui rappela vivement à son souvenir tous les amis qu’il avait laissés à Villerai.