Page:Lermina - L’A.B.C. du libertaire.djvu/26

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tion soit posée sur son véritable terrain, c’est-à-dire que, tout en ne travaillant que huit heures, l’ouvrier gagne autant qu’aujourd’hui, en ses dix, douze et quatorze heures de labeur.

Admettons même que le capital, s’arrachant un lambeau de ses bénéfices, consente à ce sacrifice et organise le travail par équipes, augmentant ainsi le nombre de salariés et diminuant, à son grand regret, celui des meurt-la-faim…

Est-ce pour cela que le salariat sera plus légitime, est-ce que plus l bénéfice prélevé par un individu ou une société sur la collectivité des travailleurs, est-ce que plus légitime l’opulence des uns en face de la misère des autres, le gavage en face de la privation ?

Songes-y bien, dût ton salaire se décupler et ta fatigue diminuer dans les mêmes proportions, la situation n’en serait pas moins injuste, parce qu’elle aurait toujours pour base première le privilège des uns et la soumission des autres.

Et toi, libertaire, tu ne peux être que l’homme de la justice. Sinon, tu n’as pas de raison d’être, reste jacobin, radical, socialiste : tu seras un des défenseurs de l’ordre de choses existant et quand tu voudras le critiquer et verser sur les vices de l’humanité des larmes de crocodile, tu seras un hypocrite et un tartufe.

La propriété — fondement de l’autorité — a créé tous les vices.

Elle est productrice de paresse, car, sans parler des riches qui s’abstiennent de tout travail et vi-