Page:Lermina - L’A.B.C. du libertaire.djvu/30

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paraître étrange, parce que tu n’as peut-être jamais réfléchi que l’amour est gangrené jusqu’au fond par le sentiment propriétaire.

L’orientation générale des idées est faussée à ce point que la Société a inventé tout un code — de lois ou d’usages — en vertu duquel l’être humain n’est plus maître de lui-même, de son corps, de ses désirs.

L’homme, affolé par le virus propriétaire, en est arrivé à ce degré d’erreur qu’il admet le droit de propriété d’un être sur un autre être, de l’homme sur la femme, de la femme sur l’homme ; et la Société défend l’union de ces deux êtres si n’est intervenu un pacte de vente et d’achat, qu’elle appelle contrat de mariage. Et de ceux qui l’ont signé, chacun devient le propriétaire de l’autre, avec interdiction sous peine de prison — et même de mort — contre celui qui prétend rester maître de sa personne, de sa chair, de son cœur.

En dehors même du mariage, l’amant s’affirme le maître de sa maîtresse et la tue si, lasse de lui, elle entend se donner à un autre ; la maîtresse poignarde ou défigure celui qui l’abandonne.

La Société nouvelle, te dira-t-on, sera impuissante contre les crimes passionnels. Non, Camarade. Elle les atténuera, jusqu’au jour où ils disparaîtront tout à fait. Comment ? En proclamant le principe de la liberté dans l’amour comme dans tous les autres actes de la vie.

C’est l’esprit d’égoïsme, exploité par les religions, qui a souillé les manifestations de l’amour en les entourant d’on ne sait quelle apparence repoussante d’obscénité ; dès que