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AU GRENIER

Geneviève, comme disait celle-ci. L’amusante petite fille était si vite devenue le boute-en-train de la bande.

Pendant trois jours, on les vit constamment feuilleter un gros in-folio, dictionnaire ou encyclopédie, dans lequel elles cherchaient des « sujets ». Toujours munies d’un calepin et d’un crayon, elles prenaient des notes en cachette, biffaient et rebiffaient leurs brouillons, tout cela avec des airs mystérieux qui amusaient prodigieusement Mlle Favières, mise au courant par quelques mots échappés à ses élèves. La bonne demoiselle était enchantée de voir les enfants trouver d’elles-mêmes quelque nouveau jeu. Ce grand château lui paraissait un peu morose pour cette jeunesse, et elle faisait son possible pour égayer les cinq cousines, qui ne s’y prêtaient pas souvent.

Consultée pour la forme, et parce qu’il fallait bien avoir recours à elle pour acheter les matériaux nécessaires à la confection des vêtements destinés aux petits pauvres inconnus, elle s’était offerte pour tailler et préparer l’ouvrage. Elle avait même risqué quelques conseils qui avaient été assez mal accueillis, bien que fort sages ; chacune en voulant faire à sa tête, elle avait fini par laisser ses élèves libres.

Les enfants ne savaient trop comment procéder pour leurs achats. On avait parlé d’abord d’une souscription pour faire face aux premières dépenses.

« Moi, je donne trente francs, avait dit généreusement Geneviève ; grâce à l’Oncle, je puis me permettre d’être extravagante.

— J’en suis pour autant », avait riposté Marie-Antoinette qui ne voulait pas se laisser dépasser, quoique, au fond, elle se souciât peu des « petits pauvres ».

Mais Élisabeth et Charlotte avaient trouvé que c’était une