Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je l’ai étreinte avec force et nous sommes restés ainsi longtemps. Enfin nos lèvres se sont rapprochées et se sont confondues dans un long et ardent baiser. Ses mains étaient froides comme de la glace et sa tête brûlait. Alors a commencé entre nous une de ces conversations qui, sur le papier, n’ont plus de sens, qu’on ne peut répéter, et dont on ne peut se souvenir. Le ton des voix définit et complète l’expression des paroles, comme dans la musique italienne.

Elle ne veut pas décidément que je fasse la connaissance de son mari. C’est un des vieillards boiteux que j’ai rencontrés sur le boulevard. Elle ne l’a pris qu’à cause de son fils. Il est riche et souffre de rhumatismes. Je ne me suis permis aucune plaisanterie sur lui, car elle l’estime comme un père et elle le trompera comme un mari. Chose bizarre dans le cœur humain et surtout chez la femme !

Le mari de Viéra se nomme Simon Vassilivitch G… ; il est parent éloigné de la princesse Ligowska et ils demeurent l’un près de l’autre.

Viéra va souvent chez les princesses ; je lui ai donné ma parole que je ferais connaissance