Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/276

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compte, Dieu sait quelles faussetés, les femmes qui, en embrassant leur nouvel amant, riront de moi, afin de ne pas le rendre jaloux du pauvre défunt ; que Dieu soit avec eux ! Au milieu des orages de la vie, voyez-vous, j’ai recueilli quelques idées, pas un sentiment ; et depuis longtemps, je ne vis que par la tête et non par le cœur. J’examine, j’analyse mes propres penchants et mes actions avec une scrupuleuse curiosité ; mais sans partialité. Il y a en moi deux hommes : L’un qui vit dans toute l’acception du mot, l’autre qui pense et qui juge le premier ; peut-être dans une heure le premier vous dira adieu, ainsi qu’à l’univers ; le second… le second… Regardez donc, docteur, sur le rocher à droite ? ce sont nos adversaires, je crois ?… »

Nous nous élançâmes.

Au pied des rochers, trois chevaux étaient attachés à des arbres. Nous attachâmes les nôtres également et au bout d’un sentier étroit nous découvrîmes une petite place sur laquelle nous attendaient Groutchnitski, le capitaine de dragons et un autre second appelé Ivanoff Ignatiévitch. Je n’avais jamais entendu parler de sa famille.

« Nous vous attendons depuis longtemps