Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/349

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posé mon empreinte ; ici il ne reste plus rien de ta sainteté ; ici je règne et j’aime. » L’ange alors abaissa ses yeux pleins de douleur sur la pauvre victime, et déployant lentement ses ailes, disparut dans les sphères célestes.


X.


TAMARA.

Qui es-tu ? Tes paroles sont dangereuses ! Qui t’envoie vers moi ; le ciel ou l’enfer ? Que me veux-tu ?

LE DÉMON.

Que tu es belle !

TAMARA.

Mais parle ; qui es-tu ? Réponds ?


LE DÉMON.

Je suis celui que tu écoutais dans le calme des nuits ; celui dont la pensée parlait doucement à ton âme ; celui dont tu voyais l’image dans tes songes et dont tu devinais la tristesse avec peine. Je suis celui qui tue l’espérance dès qu’elle naît dans un cœur. Je suis celui que personne n’aime et que tout être vivant maudit. L’espace et les années ne sont rien pour moi. Je suis le fléau de mes esclaves de la terre : je