Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/350

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suis le roi de la science et de la liberté ; je suis l’ennemi des cieux et le mal de la nature et tu vois je suis à tes pieds ! Je t’apporte une humble et douce prière d’amour, ma première souffrance ici-bas et mes premières larmes. Oh ! mais par pitié, écoute, tu pourrais avec une de tes paroles me rendre au bien et me rouvrir les cieux ; resplendissant de ton chaste amour je reparaîtrais là, comme un nouvel ange dans l’éclat nouveau ; mais écoute je t’en supplie, je suis ton esclave et je t’aime ! Dès que je t’ai vue, soudain au fond de moi-même, j’ai détesté l’immortalité et ma puissance et j’ai envié malgré moi les joies incomplètes de la terre. Ne pas vivre comme toi serait une souffrance pour moi, et ce serait affreux que de vivre séparé de toi. Dans mon cœur insensible, une flamme inattendue s’est rallumée avec plus de force ; et j’ai senti l’aiguillon de mes anciennes blessures se réveiller au fond de moi-même comme un serpent. Sans toi qu’est pour moi l’éternité ? Que sont mes domaines infinis ? des paroles résonnant dans le vide ; un temple immense sans divinité !