Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/85

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Je tirai à mon tour assez heureusement ; sûrement ma balle l’avait atteint à l’épaule, car son bras retomba subitement. Lorsque la fumée fut dissipée, le cheval blessé était étendu à terre, et à côté de l’animal, Béla évanouie ! Kazbitch jeta son fusil, puis à travers les arbres, grimpa sur les rochers comme un véritable chat. J’eus envie de tirer sur lui de là, mais mon coup n’était pas prêt. Nous sautâmes à terre et courûmes vers Béla. La malheureuse était étendue immobile et le sang coulait à flots de sa blessure. Ce scélérat aurait pu la frapper au cœur et l’achever ainsi d’un seul coup, mais il l’avait frappée dans le dos. C’était un véritable coup de bandit !

Elle était sans connaissance ; nous déchirâmes son voile et pansâmes sa blessure en rapprochant les bords de notre mieux. Vainement Petchorin couvrait de baisers ses lèvres froides ; rien ne put la faire revenir à elle.

Petchorin monta à cheval ; je la pris à terre et la plaçai devant lui sur sa selle ; il l’entoura de ses bras et nous-revînmes sur nos pas. Après quelques moments de silence, Petchorin me dit : Maxime ! ne la rappelons-nous pas à la vie ? certainement que si ! lui répondis-