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Supposons que ceux qui sont chargés d’instruire le peuple s’acquittent avec un grand zele de ce devoir ; que le peuple de son côté desire avec ardeur d’être instruit, avec tout cela il pourra souvent arriver que, faute de livres, plusieurs demeureront dans l’ignorance. Comment, par exemple, un enfant ira-t-il à l’école, s’il n’a point de livres ? et comment en aura-t-il, si ses parens sont si pauvres qu’ils ne puissent en acheter ? Disons la même chose du Catéchisme, des Prieres, etc.

Mais supposons encore que les Pauvres puissent sans le secours des livres, avoir quelque connoissance des choses nécessaires au salut ; ce qui est certain, c’est que, sans ce secours, ils acquierent cette connoissance bien plus difficilement et bien plus imparfaitement.

Les prédications sont inutiles à la plupart des Artisans et des peuples de la campagne, parce qu’elles sont au dessus de leur portée : les Prônes et les exhortations familieres leur sont un peu plus utiles ; mais celui qui les fait étant obligé de proportionner son discours à tout un auditoire, il lui est impossible d’entrer dans un détail qui convienne également à chacun de ceux qui l’écoutent : et quand il pourroit le faire, l’utilité que les Auditeurs pourroient en retirer est souvent affaiblie, ou par leur peu d’intelligence, ou par l’infidélité de leur mémoire, ou par quelque prévention contre le Prédicateur, ou par le peu de conformité qu’ils trouvent entre sa conduite et ses discours.

Il faut donc avouer que quoique les discours aient, ordinairement parlant, plus d’énergie que les livres, la lecture a néanmoins d’autres avantages, dont la parole est dépourvue.