dites-moi, dites-moi bien… êtes-vous sûr de l’avoir entendu parler ?
— Mais oui !… mais oui !… mais oui !…
— Ah ! c’est dommage !… c’est dommage !… c’est dommage !…
— Mais que croyez-vous donc ?…
— Plus rien, puisqu’il parle !…
— Vous vous exprimez par énigmes, monsieur le Juge, fit Patrice. Et je ne vous comprends pas ! Mais moi, je vais vous dire une chose bien claire : j’ai poursuivi, cette nuit, la sœur des Vautrin qui raccommodait une chaussette dont le surjet représentait d’une façon frappante le dessin que vous êtes en train d’examiner au plafond !
— Ah ! ah ! très intéressant !… très intéressant !…, fit enfin M. de Meyrentin en assujettissant son binocle et en penchant son regard sur le jeune homme à ses pieds… Et pourquoi fuyait-elle ?…
— Parce que je voulais lui prendre sa chaussette…
— Elle en connaissait donc « la valeur » ?
— J’en doute, puisqu’elle la reprisait publiquement… Toujours est-il qu’elle s’est enfuie jusque chez elle et qu’elle a montré la chaussette à sa mère qui lui a lancé une phrase étrange, mais que j’ai retenue parce qu’elle a été répétée par les Frères… : « Poitou d’Orient, c’est du rouget ! »
— « Poitou d’Orient, c’est du rouget ! » s’exclama le juge, en sautant comme une balle élastique sur le carreau et en se dressant sous le nez de Patrice… « Poitou d’Orient, c’est du rouget ! » vous avez entendu cela, vous ! et chez les Vautrin ? Vous êtes donc allé chez les Vautrin, vous ?… et ils vous ont laissé sortir vivant ?…