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BALAOO

Patrice s’y rendit, croyant trouver le juge d’instruction en face d’un premier déjeuner ; mais il le découvrit juché sur une armoire, près de la porte qui ouvrait sur la rue. Il était à quatre pattes, là-haut.

Patrice ne prit point le temps de s’étonner de cette position exceptionnelle pour un juge :

— Monsieur ! lui cria-t-il, vous aviez raison !… Il y a un complice !…

— Je vous crois, jeune homme, qu’il y a un complice… et comment ! Un complice à l’envers ! ricana M. de Meyrentin du haut de son meuble… je suis en train de relever ses traces à l’envers !… car tout dans cette affaire marche la tête en bas. L’assassin — celui que nous appellerons le complice — si vous voulez bien, enfin celui que je crois l’instrument des Trois Frères, s’est glissé au-dessus de vos têtes aussitôt la porte ouverte, jusque sur cette armoire où il s’est blotti et vous n’y avez vu que du feu, naturellement… ; pourquoi ? parce que vous regardiez en bas quand tout se passait en haut ! Il y a des traces de l’assassin partout… jeune homme, mais au-dessus des meubles. Maintenant, écoutez-moi bien !… (M. de Meyrentin, pour faire plus commodément ses confidences à Patrice, prie le jeune homme de monter debout sur une chaise, cependant qu’il s’asseoit lui-même, les jambes ballantes, au haut de son meuble)… je vais vous poser une question formidable… vous entendez : formidable !… êtes-vous sûr ?… êtes-vous bien sûr, là !… réfléchissez !… Et ne vous pressez pas… êtes-vous bien sûr de l’avoir entendu ?…

— Comment ! si je l’ai entendu !…

— Réfléchissez !… réfléchissez !… rappelez-vous !… C’est peut-être une « tromperie de vos oreilles »… Et