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BALAOO

gnait de Saint-Martin lui rendait peu à peu la quiétude.

Ça ne devait pas durer.

On n’avait pas fait deux kilomètres sous bois que Michel lançait un juron en retenant ses chevaux dont l’un avait fait un brusque écart. La faute en était à une gamine qui venait de sauter sur la route avec la légèreté d’une biche !

— Ah ! la Zoé !… grinça la bouche édentée de Michel…

Zoé !… Elle était donc partout… partout où il était, lui, Patrice… Elle le poursuivait. Il en eut une suée en se rejetant sous sa bâche ; mais, bien sûr, elle l’avait vu, car elle lui cria :

— Eh ! bonjour, monsieur Patrice !… Vous voilà donc parti ! Où que vous allez par là ?…

Et comme l’autre, là-haut, ne lui répondait pas, elle lui lança un « Bon Voyage ! » dans un éclat de rire qui fit frissonner le jeune homme.

La Zoé avait disparu depuis longtemps, poursuivie par la mèche du fouet de Michel, que Patrice avait encore devant les yeux sa petite forme bondissante et menaçante dans la poussière blonde de la route.

— Croyez-vous, demanda Patrice au conducteur que nous puissions être arrivés à Saint-Barthélemy avant la nuit ?

— Pas avant dix heures du soir ! répondit l’autre en faisant claquer son fouet, avec mauvaise humeur.