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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/112

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BALAOO

du conducteur… c’est moi qui ai parlé ce matin à M. de Meyrentin !… le juge d’instruction.

L’autre se retourna cette fois :

— Ah ! c’est vous qui avez surpris le coup préparé par les Trois Frères… eh bien ! vous avez fait une belle affaire, là ! mon garçon ! déclara la Gaule en allumant sa pipe… je ne vous en fais pas mes compliments.

— Pourquoi ? demanda Patrice, ahuri.

— Mais parce qu’il faut aimer les horions pour se mêler de choses pareilles… et vous v’là là !… Eh ben ! vous en avez du courage !… Moi, j’m’en fiche après tout… j’suis bien avec eux… et ils ne me feront pas de mal… et j je ne ferai rien pour qu’ils m’en fassent, vous pouvez le croire… mais vous, mon p’tit, puisque vous avez jaboté… feriez mieux d’être chez vous, à c’t’ heure !…

— Alors, je n’aurais dû rien dire ? demanda le jeune homme qui ne savait plus à quel saint se vouer et qui s’essuyait, d’un geste machinal, son front en sueur.

— Aurait mieux valu ! répondit l’autre.

— Pas pour vous, en tout cas ; si je n’avais rien dit, vous auriez été attaqué bien plus sûrement et il n’y aurait eu personne pour vous défendre ?

— C’est pas moi, répliqua Michel, logique, c’est pas moi qu’aurait été attaqué… c’est la caisse de ces messieurs entrepreneurs et, je m’en fiche, moi, de la caisse de ces messieurs entrepreneurs !

— Mais, enfin, monsieur, soupira Patrice, vous ne croyez point que les Trois Frères oseront attaquer ce convoi !…

— C’est pas moi qui l’ai dit, repartit, têtu, le conducteur… mais, s’ils l’ont dans la tête, je ne vois point pourquoi qu’ils ne le feraient pas !