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BALAOO

— Alors c’est ça le Mystère des Bois Noirs ?

— C’est ça et puis bien d’autres choses…

— Alors, tout à l’heure, ils vont venir chercher le « denier du loup »… Les autres, en bas, l’ont payé pour ne pas éveiller l’attention des Vautrin, bien sûr, ajouta Patrice, perspicace.

— D’abord, pas de noms propres, c’est déplaisant ! Ils viennent chercher le denier du loup quand ça leur chante… Le denier reste, dans son creux de pierre, des fois pendant quinze jours… sans que personne ose y toucher… ; au passage, les voyageurs vont le voir et le revoir, quelquefois par curiosité, avant d’y ajouter leur obole… Ah ! on a vu des choses bien drôles, allez, à ce sujet-là !… des choses… inexplicables et qui prouvent bien que la Forêt fait tout ce qu’ils veulent, les mâtins !…

— Quoi donc ? demanda Patrice qui entrevoyait avec plus de confiance le terme du voyage, car, à bien les regarder, tous les voyageurs qui étaient là n’avaient point l’air d’avoir froid aux yeux… Depuis quelques temps, il les regardait tourner autour des buissons, en bordure de la route, avec une audace nonchalante qui le rassurait, lui là-haut, sur son impériale.

C’est alors que le père La Gaule se souleva sur son siège et cligna des yeux, fixant au loin derrière lui quelque chose qu’on ne savait pas… et puis il se rassit, disant :

— Allons, j’croyons bien que tout ira pour le mieux, aujourd’hui !… j’aime autant ça ! voyez-vous… Eh bien ! qu’est-ce que vous avez à me reluquer comme ça ?… Vous voudriez p’t’être bien que j’vous dise l’histoire de la malle à Barrois ?

— Je vous la demande et je ne regretterai plus mes cent sous ! avoua Patrice qui, sans être avare (loin de là)