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BALAOO

chait pas (faut vous dire qu’à ce moment, il n’avait pas encore eu d’affaires politiques avec les Trois Frères… Entre nous, la politique, c’est fait pour brouiller les meilleurs amis, s’pas ?)… Alors, l’ami à Blondel, un nommé Barrois… Désiré Barrois… se mit à parier qu’il passerait devant la pierre du Loup et qu’il ne donnerait jamais dix sous et qu’il ne lui arriverait jamais rien…

« Or, ce Barrois venait de prendre la représentation d’une maison de Cluse pour toute la contrée… c’était bien imprudent, parce qu’il allait avoir souvent besoin de la diligence… et voilà ce qui est arrivé, aussi vrai que vous êtes là, mon cher monsieur !… (Ah bien ! quoi… Nestor !… tu vas pas te tenir tranquille un peu ! qui qui m’a fichu une bique pareille ? Regardez-le !… regardez-le piquer des oreilles !… Tu sais bien que je n’aime pas ces manières-là, hein ? Clic ! Clac !)… La première fois donc que Barrois passe devant la pierre du Loup… (c’était en revenant de Saint-Barthélemy… on descendait la côte et la diligence venait de s’arrêter pour permettre aux voyageurs d’aller déposer leur denier)… Barrois, qui voit ça, gueule comme un âne… que c’est une honte !… qu’il est pressé… que les diligences ne doivent pas s’arrêter en descendant les côtes… et patati ! et patata !… mais c’est comme s’il chantait… les autres avaient fait la quête dans un chapeau et versé la collecte là-haut dans le creux du Loup…

« Barrois grimpe alors à la pierre et voit le trésor. Il y avait bien là vingt-cinq à trente francs, ce qui prouvait que le Loup n’était point passé depuis au moins trois jours. Barrois ramasse tout et glisse toute la monnaie dans sa poche. « Ça vous guérira, qui dit… chaque fois que je passerai, ça sera comme ça… quand vous saurez que c’est