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BALAOO

s’était empressé de prendre un chemin de traverse pour rejoindre la diligence au haut de la côte.

Quant aux agents, ils étaient consternés. Ils déclaraient qu’ils n’oseraient plus reprendre leur service ni même rentrer à la Préfecture. Ils étaient voués pour toujours à la risée publique.

On ne s’étonnera point, qu’en apprenant l’insuccès de son expédition, M. de Meyrentin en conçut un tel chagrin qu’il dût prendre le lit avec la jaunisse. Et c’est pendant qu’il gardait la chambre que, ironie du sort ! les Trois Frères furent arrêtés !! Et cela le plus stupidement du monde.

La tyrannie la plus monstrueuse et aussi la plus mystérieuse qu’eût jamais eue à souffrir un petit pays sembla (nous disons sembla) avoir pris fin, parce que deux gendarmes passèrent par hasard, sur une route, dans le moment que ces messieurs Vautrin venaient de renvoyer au grand Tout l’âme malpropre de l’huissier Bazin… Quoi qu’on en eût dit, les Trois Frères n’étaient point méchants, et, si on ne leur résistait pas, on n’avait rien à craindre d’eux. Mais il ne fallait pas leur résister ! Cet imbécile d’huissier vivrait encore s’il leur avait tendu gentiment sa sacoche. Un coup de gourdin est vite donné. Ils n’en avaient point mesuré les conséquences. L’huissier Bazin en mourut.

C’était un grand malheur pour lui que les Trois Frères, quand il les rencontra, n’eussent point porté ce jour-là leurs fusils. Il leur eût tout accordé sans récriminer et délivrerait encore des contraintes. C’était un malheur aussi pour les Vautrin qui durent céder à la menace des revolvers des gendarmes sans même essayer de lutter.

Le procès des Trois Frères fut instruit à Riom et marcha