— Va ! Balaoo ! avec ta voix la plus douce… insiste Madeleine, à la voix douce.
Et Balaoo répète la phrase : « Je n’ai pas encore eu l’honneur de vous être présenté, monsieur », (avec cette voix qui faisait toujours rire les demoiselles, mais qui ne fit pas rire Madeleine,)
— Mais c’est inouï, clame l’autre de la Race, inouï… inouï… ce n’est pas possible… ce n’est pas un anthropopithèque !
— Ce n’en est plus un, obtempère Coriolis : c’est un homme !
À ces mots, Balaoo, triomphant, relève un front d’orgueil. Coriolis procède aux présentations comme dans le manuel de civilité :
— J’ai l’honneur de vous présenter M. Noël, mon plus précieux collaborateur dans mes études de la plante à pain.
Puis à Balaoo :
— Monsieur Herment de Meyrentin, juge d’instruction, qui désirait fort vous connaître, mon cher ami ; asseyez-vous, messieurs.
Ces Messieurs s’asseoient.
— Tu sais ce que c’est qu’un juge ? mon cher Noël, questionne, important, Coriolis.
— Un juge, répond, non moins important, Balaoo, c’est celui qui met en prison les voleurs.
— Et qu’est-ce qu’un voleur ? ose interroger à son tour M. de Meyrentin.
— C’est un, répond Balaoo imperturbable… c’est un qui prend sans prévenir avec de l’argent ! (et il ferme les yeux pour ne pas voir plus longtemps le regard singulier de l’étranger. Ce juge est bien ennuyeux : est-ce qu’il ne va pas bientôt s’en aller) ?