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BALAOO

d’événements tantôt tragiques, tantôt sinistrement comiques et souvent inexplicables.

On n’osait plus s’attarder sur les routes où de riches paysans, au retour des grands marchés de Châteldon et de Thiers, avaient été attaqués par des bandits masqués et avaient dû, pour sauver leur vie, se défaire de tout leur argent. Quelques cambriolages, d’une audace extraordinaire, perpétrés sous le nez des propriétaires sans que ceux-ci osassent protester, avaient été le point de départ d’enquêtes judiciaires qui, menées d’abord mollement, n’avaient abouti à rien de sérieux. Cependant quand, après les attaques nocturnes, les incendies, les vols qualifiés et autres larcins, survinrent ces deux extraordinaires assassinats de Camus et de Lombard, la justice se vit dans la nécessité de pousser les choses à fond. Elle menaça les plus timides pour les faire parler. Ils se seraient plutôt laissé arracher la langue. Certes ! la justice ne pouvait plus ignorer vers qui allaient les soupçons de tout le pays, mais elle dut renoncer à recueillir un témoignage lui permettant d’inculper qui que ce fût. Et le mystère des derniers crimes s’en trouva épaissi d’une bien singulière façon.

Et c’était le comble qu’à côté d’affreux coups de force, il y eut des farces… des farces extravagantes qui épouvantaient comme un attentat. D’honnêtes commerçants, en pleine rue Neuve, le soir, avaient été giflés à tour de bras, sans pouvoir dire d’où leur tombait le horion. On avait retrouvé dans sa cour, où elle avait attiré les voisins par ses cris désespérés, la mère commère Toussaint, l’entrepreneuse en broderie, jupes par-dessus tête et le corps bien endolori d’une fessée terrible, administrée par un mystérieux inconnu. Il y